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684 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dans la vie, tant j'y vois d'éternelle horreur. J'ai l'air bien romantique dans mes phrases, mais je suis bien las, positivement, sèchement las.

J'ai reçu "la Planète ", je l'ai lue, je l'ai trouvée belle, mais je suis trop malade pour sentir une chose et il vaut mieux que je ne t'en parle pas maintenant parce que je ne puis plus recevoir les bonnes bouffées d'air des plus beaux printemps. Quelque jour je guérirai, je renaîtrai au monde où tu vis et, soit que le bonheur m'arrive, soit que j'aie secoué tous les poids qui m'écrasent, alors je pourrai te goûter et je te parlerai bien longuement, bien longuement de ton livre et de ton cœur. Ne m'en veuille pas. Je puis avoir des nouvelles demain, ressusciter instantanément. Je t'écrirai tout aussitôt.

Pour le moment j'ai besoin de bonnes paroles. Il faut que je sente que mes amis m'aiment et sont tristes avec moi. Panse mon pauvre coeur malade, écris-moi vite, dis-toi que je t'aime et que je pense à toi parmi toutes mes peines. Embrasse tous les tiens. Je t'embrasse. Louis.

��LXIX

��30 mai 1901.

��Mon ami bien aimé, je ne t'ai pas écrit depuis longtemps parce que j'ai eu des aventures puis, des

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