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NOTES 629

LECTURES

Emile Verhaeren consacre à la Mandre un nouveau recueil de poèmes, Les Plaines (Deman). Nos lecteurs connaissent trop bien l'œuvre d'Emile Verhaeren et l'admiration que nous lui portons, pour qu'il n'y ait pas impertinence à vouloir présenter cette œuvre en un vain commentaire. Nous pensons mieux faire en transcrivant ici des fragments d'un des plus beaux poèmes :

APREMENT

Le jour^ Ih se croisaient dans leur étable et dans leur cour.

Leurs durs regards obstinément fixés à terre ; Et tous les deux, ils s^acharnaient à soigner mieuXy

Elle^ ses porcs, et lui, ses bœufs, Depuis qu'ils se boudaient, rognes et solitaires.

Ils s'épiaient du coin de Vœil, dans leur enclos.

Avec V espoir secret de se surprendre en faute. Mais elle était toujours de corps ferme et dispos Et lui travaillait dur et tenait la main haute Sur la grange et le champ.

Ils se mouvaient pareils à deux blocs de silence,

Faits de sourde rancune et d'âpre violence : Aux trois repas^ ils attablaient, farouchement. Face à face, leur double entêtement, Ils gloutonnaient, à bouche pleine, Leur pain compact Réglant leurs coups de dents sur le tic-tac exact De l'horloge de chêne.

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