ISABELLE SS
inexpressif, des sourcils buissonnants, un menton ras sans cesse en mouvement comme pour mâcher une chique!., et je pensais que rien ne rend plus impénétrable un visage que le masque de la bonté.
La cloche du second déjeûner me surprit au milieu de ces réflexions.
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C'est à ce déjeûner que, sans précaution oratoire, brusquement. Monsieur Floche m'amena en présence du ménage Saint-Auréol. L'abbé du moins, la veille au soir, aurait bien pu m'avertir. Je me souviens d'avoir éprouvé la même stupeur, jadis, quand, pour la première fois, au Jardin des plantes, je fis connaissance avec le phcenicopterui antiquorum ou flamant à spatule. ^ Du baron ou de la baronne je n'aurais su dire lequel était le plus baroque ; ils formaient un couple parfait : tout comme les deux Floche, du reste ; au Muséum on les eût mis sous vitrine l'un contre l'autre sans hésiter ; près des " espèces dispa- rues ". J'éprouvai devant eux d'abord cette sorte d'admi- ration confuse qui, devant les œuvres d'art accompli ou devant les merveilles de la Nature nous laisse aux premiers instants stupides et incapables d'analyse. Ce n'est que lentement que je parvins à décomposer mon impression...
Le baron Narcisse de Saint-Auréol portait culottes courtes, souliers à boucle très apparente, cravate de mousseline et jabot. Une pomme d'Adam, aussi proémi- nente que le menton, sortait de l'échancnu-e du col et se dissimulait de son mieux sous un bouillon de mousseline ;
• Gérard fait erreur : le phœnicopterus antiquorum n'a pas le bec en spatule.
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