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A MON PERE 547

— Ce n'est pas moi qui ferai seulement un pas pour voir ça !

Et, ce premier pas, tu ne le faisais point. Tu n'aurais pas pu le faire. Et les dix-neuf autres t'eussent coûté bien plus encore.

L'hiver, on ne peut tout de même guère se coucher avant sept heures du soir. De la plume dont tu venais de te servir pour inscrire les heures de ta journée, sur les marges d'un journal tu me dessinais des oies que je trou- vais bien jolies. Maman cousait : elle ne portait pas, alors, de lunettes. Lorsque j'avais, à ma disposition, tout un troupeau, tu te mettais à lire, avant de te coucher, des vies de Saints.

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��Car il ne suffit pas d'aimer son travail, et d'aller avec une résignation joyeuse au devant de la tâche de chaque Jour. Il ne suffit pas de thésauriser pour la vie présente : tu travaillais aussi pour entrer au ciel. Certes, tu espérais en cette récompense, et sans que cela te diminuât, bien au contraire, puisque ta douceur et ta résignation, — qui sont vraiment la bonté des pauvres, — n'en étaient que plus profondes.

Nous ne pouvons pas, tout de suite, nous eflforcer d'imiter la vie de Dieu descendu, par son Fils, au milieu des hommes ; mais nous pouvons nous proposer en exem- ple ceux des hommes qui voulurent monter vers Dieu, les saints. Ils sont plus près de nous. On en cite dont la condition, ici-bas, fut bien semblable à la nôtre. Tu en- trais dans leur intimité ; tu les connaissais tous, depuis les

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