Page:NRF 5.djvu/527

Cette page n’a pas encore été corrigée

PETITS DIALOGUES GRASSOIS 521

vince, qui a eu des aventures autrefois^ mais qui se venge terriblement sur ses contemporaines de ce que ces aventures niaient pas bien tourné ; et mademoiselle Cazagnaire^ la dernière petite-fille d'un monsieur, célèbre à Grasse, qui vivait de tilleul^ vieille personne dévote, anguleuse, ratatinée, confite dans les prières, les sermons, les lectures de manuels pieux.

Pas d'hommes dans ce salon. Non que, au dehors, ils soient surchargés d'occupations : ils n'ont rien à faire. Mais ils gardent ce mépris des anciens peuples médi- terranéens qui laissaient les femmes au gynécée et trouvaient que l ^ agora était le seul lieu oîi des citoyens libres pussent décemment se réunir. En V espèce, V ago- ra, c'est le cercle Fragonard et les cafés. Ici la manille, là le poker. C'est cartes en main et l'anecdote salée à la bouche qu'ils s'entretiennent de leur conception de V Univers.

Maurice entre, va baiser la main de madame Charras et s incline devant les autres dames, qu'il connaît déjà toutes, sauf madame Brun à qui la maîtresse de maison le présente, tout heureuse de savoir comment s'y prendre.

Madame Charras. — Monsieur Maurice Lendore, un hôte de Grasse ; madame Brun, une de mes excellentes amies.

Madame Brun. — Ne seriez-vous pas officier de cavalerie, monsieur ? Il me semble vous avoir déjà vu à Menton, chez madame Gasparin...

Maurice. — J'étais dans la remonte, madame, mais j*ai donné ma démission l'année dernière. {Un froid. Emma et Advienne partent d'un rire niais qu'un regard de madame Charras arrête net.)

�� �