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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 5O7

Le cul-de-jatte du cours, vexé et pèremptoire. — On s'instruirait. {Une pause.) Je n'ai pas toujours été comme me voilà. J'ai eu mes deux jambes, comme vous... mieux que vous. Je m'en servais, moi, au lieu de les quiller der- rière un comptoir. Impotente !...

Monsieur Bœuf, chevaleresque. — Vous oubliez que vous parlez à une dame.

Le cul-de-jatte du cours. — Je ne lui parle même plus. Je me dis des choses à moi-même, c'est différent. Pauvre stupide ! elle ne se rend pas compte de ce qu'elle parle. On ne rappelle pas ces choses-là. Si elle savait com- ment je l'ai perdue, ma patte, elle se tairait.

Madame Toesca-Sardou, réduite h rien^ à ridée de perdre un client. — Je vous demande pardon, monsieur Baptistin, je disais ça sans malice.

Le Cul-De- Jatte du Cours, bon prince. — Ça va bien.

Marius. — Racontez-nous un peu comment ça vous est arrivé. Nous ne le savons pas, au fait.

Monsieur Bœuf. — Tiens, c'est vrai, personne ne le sait, à Grasse.

Le Cul-de- Jatte du Cours. — C'est un accident... Comme bien vous pensez, un sourd-muet ne peut pas avoir un enfant bancal.

Monsieur Truc, spirituel. — Surtout lorsqu'il n'est pas muet.

Le Cul-de- Jatte du Cours, haussant les épaules. — Comme c'est malin !... Quand même, mon père était sourd, ça, c'est absolument sûr. Seulement, dans la pro- fession, il faut être les deux. Un sourd tout seul, ce n'est rien, ça ne dit rien à personne. Il pourrait passer son

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