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49^ ^A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Revenez dessus ou dessous. Du reste, l'arapède ressemble à un bouclier.

Monsieur de Chatel. — Puis-je vous confier une amoureuse mission ?

Maurice. — Je suis votre âme damnée. J'accepte.

Monsieur de Chatel. — Eh bien ! passez une minute chez la douce madame Vezzian. Rappelez à la pâle et souple créature que je l'aime toujours et que son vin de Chianti parfume encore mon âme, s'il a troublé ma digestion. Entrez aussi un instant chez la perfide madame Toesca-Sardou et dites-lui que, si je ne mets plus les pieds chez elle, ce n'est pas tant à cause de la poignante odeur de fond de tonneau qui s'exhale de son repaire que parce que j'y ai vu, la dernière fois que je m'y suis aventuré, la preuve de sa trahison dans les embrassements monstrueux dont elle accablait le trop séduisant M. Truc.

Madame de Chatel. — Quelle horreur !

Monsieur de Chatel. — Dites enfin à M. Manou que je retiens le premier jambon fumé qu'il recevra, de ce pays qu'il ne veut révéler, par des moyens qu'il tient secrets.

Madame de Chatel. — Gourmand !

Monsieur de Chatel. — Ma chérie, la cuisine et la littérature sont deux arts étrangement fraternels, je ne m'en étais jamais douté comme en cette contrée révélatrice.

Ce dialogue s'échange dans les environs de Grasse, sur la terrasse de la villa Bellandou : l'Ermitage, pendant les minutes de douce flânerie qui suivent le premier déjeuner. Maurice est habillé, prêt à sortir, heureux d^ ailleurs du complet de flanelle grise et du panama qu'il peut porter en cette saison de mars. Tout à coup,

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