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4^8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

par le grec et par le latin. Mais une question se pose : devons-nous ne considérer la syntaxe fran- çaise que comme un exemple et admirer comment un goût historiquement contingent a transformé, à son image, jusque dans ses particularités les plus subtiles, une langue donnée ; ou bien devons- nous y voir un modèle généralisable, une sorte de

    • droit naturel " grammatical ? ^ Et ce n'est que

dans le second cas que l'on pourrait parler d'une essentielle suprématie du français.

Mais pour pouvoir porter un jugement et en tirer quelques conclusions de politique linguistique, ne serait-il pas nécessaire, d'au moins poser une troisième série de problèmes ? Il faudrait se deman- der si l'allemand n'est pas supérieur par son voca- bulaire, par le rapport qui lie l'objet au mot, ainsi que par les rapports qui lient les formations ver- bales entre elles. Même dans leur forme contem- poraine, les mots allemands ne pénètrent-ils pas plus avant, plus près des " racines " du langage — j'entends ce mot dans un sens plastique autant que dans celui de la terminologie scientifique ? Pour sentir ce qu'il y a de représentatif, d'imagé, d'originaire dans la formation des mots, nous n'avons pas besoin d'apprendre une langue étran- gère et savante. Ceci est vrai pour les verbes et

' La mentalité française me parait toujours avoir une pente à considérer les conventions existantes ou désirées, comme autant de lois de nature.

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