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NOTES 317

Presque toutes les mélodies s'achèvent étonnées et interroga- trices.

Cette délicate turbulence, il semble qu'elle subsiste jusque- dans la solennité. Celle-ci ne se marque point par un orchestre ralenti de thèmes. Elle n'est pas étayée de fanfares. Elle n'est que l'élargissement de l'allégresse, qu'une phrase qui s'ouvre et monte. Elle est un enthousiasme plein de naïveté, une inspiration chargée de prière, un triomphe pareil à un ample sourire, l'avènement de la piété. Elle est heureuse comme le geste du prêtre qui écarte les bras en face de la foule. Elle est semblable à cette aise de l'âme qu'emplit sa propre oraison.. Jamais elle ne devient pompeuse. Elle règne sans emphase^ Elle reste joyeuse et modeste comme les paroles d'un vieillard qui confesse le Christ. Elle s'avance avec la parure de- l'humilité, elle s'incline, elle salue trois fois, les bras étendus- en avant.

��La musique de Moussorgski, c'est la voix même de la- Russie. Russie, notre petite-mère dans la douleur, notre sainte mère priante, souffrante, souriante ! Tu parles à Dieu pour nous. Tu es notre ambassadrice. Tu lui parles avec toutes tes paroles en ia et en schka, avec tes longues phrases himibles,. avec ton langage vif, bas et suppliant. Tu es gaie pour nous, tu as de l'espoir pour nous. Seule tu sais avec exactitude ce que nous valons et tu ne demandes pas davantage qu'il ne nous est dû. Tu es notre amour le meilleur et notre meilleure humilité. Nous te remettons nos péchés afin que tu obtiennes pardon pour nous. Tu es la femme députée au Dieu terrible afin que l'ayant vue, elle est si pitoyable qu'il ne puisse plus- nous refuser sa miséricorde. Jacques Rivière.

��LE PREMIER ACTE DE GUERCŒUR. {Concerts-- Colonne).

Il est inconcevable qu'un drame IjTique si voisin de^

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