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l'ombrageuse 129

scène s'est passée. On a jeté à la face de M. Latour une insulte intolérable. Je l'ai entendue, tout le monde Ta entendue... Loin de protester, il s'est retiré sans mot dire : vous conviendrez que dans ces conditions...**

Il n'en put dire plus long. Isabelle brusquement Tavait arrêté. " Silence ! " commanda-t-elle. Et se tournant vers l'oflScier : " Et vous, expliquez- vous ! Que signifient ces protestations... Je n'aime pas les énigmes... Allons, soyez clair ! "

Le lieutenant ne demandait qu'à parler. " Il est vrai, Latour s'est éloigné sans relever l'afiront, comme s'il lui fallait bien le subir et il y a là quelque chose qu'on a peine à comprendre. C'est un honnête homme néanmoins. Je vous le répète et j'ai pour l'affirmer la meilleure raison du monde, à savoir la rétractation même de son accusa- teur. Parbleu ! moi aussi j'étais présent ! L'insulte, moi aussi, je l'ai entendue, et si je ne suis pas intervenu, c'est que l'afiàire s'est dénouée trop vite pour que j'eusse le temps de m'en mêler. Mais, en dépit de l'évidence, pas un instant je n'ai pu admettre que Latour eût réellement commis l'action ignoble qu'on lui reprochait. A peine fut-il parti que, désireiix d'en avoir le cœur net, je me rapprochai de l'individu à qui nous devions cet esclandre. Justement il s'apprêtait à prendre la porte à son tour. Le plus poliment que je pus, je le priai de me faire connaître, comme à un ami personnel de Latour, quelles raisons l'avaient autorisé à formuler publiquement une si grave accusation. Il parut contrarié de la question et en rechi- gnant me conduisit à la table de jeu : " Vous voyez ce petit paquet de cartes demeuré sur le tapis ? Eh bien, votre ami le tenait dissimulé sur ses genoux ; je l'ai siu'pris au moment

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