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77 2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

manchette, un ruban de ses cheveux, qu'elle lui avait donné. En sorte que nous ne lui serrions pas la main, et que nous ne frôlions pas son bras droit sans éprouver un sentiment de respect : ce ruban rendait sacrée la personne de Santos.

Ils se promenaient sur la terrasse. Elle lui avait permis de fumer en sa présence : la fumée de ses cigarettes, à lui, avait une odeur si bonne, si réconfortante ! Elle l'aspirait avec délices. Elle levait les yeux vers lui, avec une expression de gravité et d'admiration. Elle était contente d'être un peu moins grande que lui. Tout ce qu'il disait la touchait, la rendait joyeuse, la caressait.

Une ou deux fois, ils invitèrent Demoisel à venir goûter avec eux dans le parc. Nous les vîmes aussi dans la grande allée : ils marchaient en avant du groupe formé par Marna Doloré, Pilar, et Paquito Marquez ; Santos était à gauche, et Demoisel à droite de Fermina. Le nègre se tenait bien droit et portait haut la tête ; il sem- blait à la fois très fier et très intimidé. De loin on voyait le blanc de ses yeux bouger dans son visage noir, luisant. Sa tenue était irréprochable. Lui aussi était américain.

XIX

Une dizaine de jours avant la distribution des prix, comme Joanny Léniot se trouvait dans la cour des récréations, il s'entendit appeler par Santos Iturria.

" Marna Doloré a quelque chose à te dire ; viens. " Il le suivit. Toute la famille était sur la terrasse. Il serra leurs mains. Marna Doloré s'informa de l'état de sa santé, fut charmante. Joanny aurait voulu abréger l'entrevue.

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