Page:NRF 3.djvu/738

Cette page n’a pas encore été corrigée

728

��LE POEME IMPOSSIBLE

��" Toute connaissance que n'a pas précédée la sensation m'est inutile. "

(A. Gide. Les Nourritures Terrestres).

A l'invitation de Mohammed Sultan du Moul- tan, Saadi, trop vieux pour l'accepter, voulut que son cher élève Sohrab se rendît. Saadi lui avait enseigné l'admiration de Firdousi le Paradisiaque, qui sut créer avec des mots des jardins plus du- rables que ceux de son père le jardinier. Sohrab pouvait répondre à chaque distique du Schah- Nameh par le distique suivant, et son nom lui venait du héros de Firdousi dans ce Livre des Rois.

Sachant que l'humilité est la première vertu du poète, Sohrab imita d'abord en tous points la vie de son maître : comme Saadi il accomplit quinze fois le pèlerinage de la Mecque, comme lui il voyagea par toute l'Inde, fut esclave des Francs, et même il sut, comme lui, faire deux mariages dont le premier fut malheureux.

Quand il arriva chez le Sultan qui demandait un poète, il avait déjà composé des vers, brillants

�� �