Page:NRF 3.djvu/648

Cette page n’a pas encore été corrigée

638 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le monde. De même qu'on ne s'habille pas d'une manière extraordinaire pour aller dans la rue, à cause des gamins qui vous régaleraient d'un charivari ; de même il ne faut pas laisser voir à tout venant les pensées extraordinaires qu'on a ; on pourrait s'entendre dire : " Oh ! Monsieur Léniot, ce n'est pas bien, de parler ainsi. "

Et lui, qui avait pensé trouver, à défaut d'une amante, au moins une amie, une camarade à qui il pourrait tout dire, une égale ! Une égale ! — Bon, il retombait encore dans ses théories sur la bêtise des gens. Il lui avait déplu, et voilà tout.

Le lendemain, il s'excusa de son mieux :

— Je vous ai bouleversée, hier soir, avec mes para- doxes ; et j'ai été assez impoli pour citer du latin. Dites que je vous ai bien ennuyée ?

— Mais non, je vous assure ; et vous ne m'avez pas du tout bouleversée.

— Vous êtes bien bonne, de me dire cela. Mais désor- mais, nous serons bons camarades, n'est-ce pas ?... Je voudrais tant vous laisser un souvenir qui ne soit pas mauvais.

Elle ne répondit rien. Il se sentit très loin d'elle ; tout- à-fait étranger à sa vie. Mais ce ne fut qu'une impression passagère. Us ne firent jamais plus allusion à cet incident.

��XV.

��A quelques jours de là, il lui rendit la " Vie de Sainte Rose de Lima. " Il avait retrouvé dans ce livre, plusieurs des expressions les plus vives qu'elle avait employées dans leurs entretiens, par exemple : " le lit étroit et dur de la

�� �