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PAS-COMME-LES-AUTRES 593

l'après-midi, l'automne, du vent qui pousse la pluie contre les volets.

La maison qu'il habite lui semble immense, avec ses deux pièces où tables, armoires et lits font bon ménage. Tout cela est si grand, si haut, qu'il lui faut se dresser sur la pointe des pieds, grimper sur une chaise pour voir ce qu'il y a sur la table, sur la cheminée, sur le premier rayon du placard où sont empilés de bien vieux journaux. Les autres rayons sont inaccessibles. C'est un monde mysté- rieux peuplé de toiles d'araignées où bien peu de mouches ont dû mourir. Peut-être les araignées sont-elles mortes. Leur œuvre est là.

La cheminée, sans feu, est si fraîche, l'été ! La plaque de fonte est délicieuse ; il y appuie la paume de ses mains. L'hiver, elle est indispen- sable : elle devient un personnage autour de qui l'on fait cercle pour l'entendre raconter ses histoi- res. Il l'aime ; il s'accroupit devant elle. Immobile, silencieux, il écoute pétiller les étincelles, suinter les bûches. Par toutes ses langues de feu qui se dressent, se recourbent, s'allongent, la cheminée lui parle.

La pendule, — une vieille pendule en marbre, — fait beaucoup moins de bruit que les grandes hor- loges des autres maisons. Elle ressemble à une petite vieille qui trottine continuellement ; on l'entend heurter, de son bâton, le bois de la cheminée. Elle n'a été mise au monde que pour

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