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53^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAIÎ

ces jardins imaginaires ou s'organisent délicieusement dei trois ou quatre couleurs !

Nous ne saurions admirer trop, pour la rareté du fait, cas de ce peintre doué entre tous, qui n'a jamais dissocié joie de son œil si avide de recherches rares, du souci de construire que notre temps semble avoir oublié,

H. G.

��EXPOSITION FLANDRIN. (Galerie Druet.)

Un peintre, avec des dons de peintre : hardiesse de touche, richesse de matière, finesse, ampleur, qui s'est effacé devant le poète.

M. Flandrin chérit les Alpes Dauphinoises, son pays. Les cimes rocheuses, les bois, le son des cloches, cloches des clochers, cloches des troupeaux à travers l'air frais et limpide, voilà ce qu'il aime, voilà ce qu'il peint : la pureté d'une atmosphère. Tel autre peintre de terroir s'étriquera dans son village, glissera peu à peu à un réalisme minutieux, exact, souvent laid. Le privilège de celui-ci, pour lequel cependant le paysage à représenter demeure plus qu'un prétexte, et domine le tableau peint, son privilège, dis-je, unique, c'est de styliser naturellement, selon un mode roman et classique, les lignes, les objets, les figures de son pays, sans leur faire perdre rien de leur caractère particulier et local. Devant un tableau de Flandrin, d'arabesque aussi volontaire qu'un tableau de Denis, j'ai plus qu'une émotion plastique ; il ne me détourne pas par les jeux d'une couleur trop brillante, de l'objet qu'il vient d'évoquer ; j'y respire l'odeur des feuilles de chêne et des aiguilles de sapin. Et si parfois il se dépouille, se dessèche jusqu'à l'abstrait : c'est une abstraction qui garde le goût de la terre.

H. G.

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