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FERMINA MARQUEZ 5O3

ce que cela pouvait être ; son égoïsme s'amollissait, et il avait envie de dire à Fermina tous ses secrets et toutes ses espérances.

Bientôt, il ne pouvait plus rester étendu ainsi ; sans bruit, il se levait, allait au lavabo, en revenait, s'habillait ; et, prêt avant même qu'eût résonné le tambour, il restait assis au pied de son lit, en face des merveilleuses fenêtres, moins belles, sans doute, que son avenir.

Ensuite, on faisait une promenade, en rangs, par clas- ses; un quart d'heure pendant lequel on parcourait les allées du parc, le parc que la nuit venait de quitter, le parc qui, ayant attendu le jour en silence, ouvrait main- tenant, frais et grandiose, ses avenues majestueuses au soleil. Nous buvions l'air comme une boisson froide et sucrée, et, quand nous rentrions en étude, nous par- fumions tous les couloirs de l'odeur des feuilles et de la rosée, dont nous étions imprégnés.

Une activité extraordinaire portait Joanny à travers tous les exercices et toutes les classes de la matinée. Et, dès l'appel au réfectoire, son cœur se mettait à battre de joie et d'impatience. Enfin, au sortir du réfectoire, feignant, pour les autres, un air indifférent, sans se presser, il allait dans le parc, et, sur la terrasse, il retrou- vait Fermina Marquez. Ils restaient sur la terrasse, se promenant à pas irréguliers, ou bien s'asseyaient sur un banc de bois adossé à une haie de troènes. Là, personne ne pouvait les voir. Et Joanny tenait beaucoup à ne pas étaler aux yeux de ses camarades la faveur exceptionnelle que Marna Doloré avait obtenue pour lui. C'était un passe- droit trop évident. Mais il sut atténuer le mauvais effet que cela avait produit sur ceux qu'il appelait maintenant

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