Page:NRF 3.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée

espèce d’excitation nerveuse qui précède les longs désespoirs avaient tari les sources du chagrin. On serrait des mains, on saluait les “ préfets ” d’étude, les surveillants de récréation.

Et puis les “ nouveaux ” avivaient nos curiosités. On les reconnaissait vite à leurs airs craintifs et résignés, à leurs chapeaux aux formes bourgeoises, à leurs mains qui pendaient timides, alors que les nôtres étaient enfouies au fond de nos poches. Nous, les “ anciens ”, étions conscients de notre grande supériorité, notre orgueil triomphait lorsque, nous approchant d’un de ces pauvres êtres, le chapeau en arrière, l’air dur, la voix impérieuse, nous lui jetions brusquement : “ toi, comment t’appelles-tu ? ”

Le lendemain nous surprenait plus humbles, tremblant à nouveau, tous égaux dans une horripilante attente. C’était jour de composition, de cette brutale composition de rentrée d’où votre sort dépend, qui vous abat à jamais ou vous élève dans l’estime d’un professeur, dont les camarades de la classe supérieure et ses sujets l’an dernier vous ont narré les cruautés.

Rapide il escalade sa chaire, majestueux comme s’il gravissait le Capitole, se ferme de toutes parts pour bien montrer qu’il est inaccessible aux petits pas timides des supplications, étale son livre, range ses papiers avec la minutie d’un chirur-