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Je n’en fais pas un bourgeois, pas un homme actif, mais j’en fais quelqu’un de très fort et de parfaitement maître de lui-même. Il y faut des événements, et je montre en lui combien il s’empare d’eux et combien il les gouverne. Comment du reste t’écrire cela ! Comme une demi-heure de conversation nous mettrait mieux d’accord !

Pour " La Mère et l’enfant ", je te l’accorde, mais il le fallait encore. J’écrivais en somme mes mémoires et quand même cela n’eût pas été, j’eusse peut-être maintenu l’âme de mes deux personnages pour mieux mettre en valeur le drame de l’amour maternel. Pour " Bubu ", tu n’as donc pas senti que toute ma sympathie allait à Bubu, que je lui donnais la victoire parce qu’il était le personnage actif et fort, que je condamnais son antagoniste et que c’était le mot de la fin : " Pleure et crève ! Tu n’as pas assez de courage pour mériter le bonheur ".

Mais me ferai-je bien comprendre dans ces quelques pages ? Si tu avais lu quelques " faits- divers " que j’ai traités à la fin de l’année dernière dans la " Revue Blanche " tu aurais vu que j’y donnais raison aux assassins parce qu’ils sont actifs et qu’ils " introduisent le hasard dans leur vie " (ce sont les mots dont je me servais).

Mon vieux Ruyters, si j’avais traité la prostituée Berthe et le pauvre Perdrix de façon différente, j’eusse fait des livres faux et détestables et