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JOURNAL SANS DATES 525

Après tout, y eusse été calviniste de bon cœur, ajouta-t-elle en laissant échapper un geste ((insouciance. Les hommes supé- rieurs de votre siècle penseraient-ils encore que la religion était pour quelque chose dans ce procès, le plus immense de ceux que F Europe ait jugés, vaste révolution retardée par de petites causes qui ne l'empêcheront pas de rouler sur le monde puisque je ne l'ai pas étouffée. Révolution, dit-elle, (à Robespierre) en me jetant un regard profond, qui marche toujours et que tu pourras achever. Oui, toi, qui m écoutes... (p. 334.)

— " Selon vous, dit enfin Robespierre, le protestantisme aurait donc eu le droit de raisonner comme vous ? '

Mais Catherine ne répond pas.

" Je me réveillai en sueur, pleurant, et au moment où ma raison victorieuse me disait, d'une voix douce, qu'il n'appar- tenait ni à un roi, ni même à une nation d' appliquer ces principes dignes d'un peuple d'athées. "

J'admire ce raisonnement chez M. Maurras, précisé- ment parce qu'il n'est pas catholique, et que, s'il pénètre admirablement la raison d'être politique de l'organisation et de la hiérarchie catholiques, la raison sentimentale et l'essence même de la dévotion chrétienne lui échappent à peu près complètement. J'aime moins que certains de ces politiciens se réclament du Christ. Il y a là un pénible malentendu.

Rien, mieux que ce beau livre, n'éclaire donc combien est dangereux tout esprit qui s'assure qu'il y a une solution à trouver dès ce monde ; qui s'assure que c'est la sienne, et tâche à l'imposer.

L'humanité n'est pas simple ; il faut en prendre son parti; et toute tentative de simplification, d'unification, de

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