Page:NRF 19.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 89

aîné » une image mi-chrétienne et mi-bouddhique où nous reconnaissons plus simplement un homme instruit par la dou- leur. Revenons à l'œuvre d'abord toute de confiance et célébrant La Louange delà Fie. Après vingt ans de silence, Elskamp sou- pire :

Ils se sont tus les ançes doux

Que tu voyais en robes blanches,

Avec leurs violons aux joues

Faire musique à tes dimanches.

C'est la même voix pourtant, ses « syntaxes mal au clair », la savante gaucherie des rimes pauvres et des harmonies disson- nantes. Mais lointaines sont les kermesses dominicales. Il reste le souvenir d'une aventure intellectuelle, voyage au long cours d'où l'on revient désabusé. Sans cri, sans geste, le poète, sur un mode mineur et peut-être monotone, développe le thème d'une sagesse retrouvée, d'une résignation mélancolique.

Les uns, habitués aux complaintes de Max Elskamp, en seront comme naguère agréablement bercés. D'autres loueront davantage, sans trop parler philosophie, la sincérité d'une con- fession de bonne foi. paul fierens

  • *

MARSYAS OU LA JUSTICE D'APOLLON, drame satyrique en trois actes et un prologue, par François-Paul Alibert (Pierre Polère, Carcassonne).

A vrai dire, ce poème dialogué ne prétend point à la force dramatique. Le mouvement, non point la chaleur, y font défaut ; et sans doute le style d'Alibert aura-t-il toujours quel- que chose de trop décoratif, de trop drapé pour se prêter aux exigences d'un dialogue scénique. On songe à ces personnages des grandes compositions de Lebrun, qui n'essaient pas de nous faire croire à la réalité des batailles dans lesquelles ils sont engagés ou à la vérité littérale de leurs gestes allégoriques. Ils n'en ont pas moins pour cela de beauté. Je songe au monologue de Minerve jetant loin d'elle la flûte :

Source d'ivresse, vil et sauvage instrument, Toi qui déformes l'âme aussi bien que la joue...

�� �