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FINALE DE SIEGFRIED ET LE LIMOUSIN 579

des spectacles si préjudiciables aux prix des denrées, et un Américain devait, malgré les défenses, cinématographierla scène d'une fenêtre. Dès que le soleil éclatait sur une vitre, tous les arcs se bandaient contre elle. Ils parlaient le lan- gage du nonce, et j'appris d'eux que les Schwanhofer habi- taient en dehors de la ville entre les maisons de Sadok et de Saint Pierre. Pour y arriver, j'eus à passer sur le tronc d'un chêne les canaux d'eau courante, à écarter les aubé- pines, à toucher tous les végétaux qui avaient fourni aux Jeux la couronne, la croix ou les fleurs. Un aigle pla- nait au-dessus de quelque agneau dédaigné pour le rôle d'agneau pascal. Le printemps et la montagne, affolés par tant de visiteurs, offraient à profusion de quoi finir pour toujours la Passion et la Lutte du Bien et du Mal, des chu- tes d'eau par milliards de volts pour électrocuter définitive- ment Judas, des lacs profonds de mille pieds pour noyer l'enfer, et, pour donner un jeu éternel aux séraphins et aux archanges, un chamois apprivoisé qui m'escorta.

Forestier était assis sur la terrasse, et un jeune homme près de lui feuilletait les journaux. Il avait soulevé sa tête, de ses mains, et l'offrait au soleil comme on offre une part de soi aux rayons X. A tout bruit, à tout murmure de cascade, il tendait l'oreille avec la demi-grimace de ceux qui croient avoir entendu crier leur nom. Son lecteur lisait les dernières nouvelles de chaque nation, qu'il écoutait reli- gieusement, comme si l'espoir lui restait de deviner son pays au nombre des ouvriers chômeurs, des incendies ou des duels entre parlementaires, et il se promenait sur l'Eu- rope comme un sourcier... Que peu de nationalités d'ail- leurs paraissaient enviables !

« Et en Italie ? demandait-il.

■ — Le brave Gaspard a conclu un traité avec les bol- cheviki. Les fascistes marchent sur Rome et les récoltes sont mauvaises. D'Annunzio s'est fracassé la tête, et une mala- die appelée carico sévit dans les houilles.

— Et en Hongrie ?

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