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560 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ustensiles éminemment pratiques, et qu'une révolution risquait en effet de ne respecter qu'en partie. Puis ma mission de coffret remplie, elle revint pour détruire les objets en peau de lézard.

— Il faut du moins que la révolution serve à cela ! dit-elle.

Je les arrachai avec peine de ses mains. Je dus ouvrir ses mains pour les reprendre. Combien la peau du lézard est moins douce que celle de Lili David !

Par malheur, c'est moi qu'on arrêta le soir à minuit, et qu'on conduisit au café Luitpold. Mon agent devait être un agent de l'ancienne police, car il bousculait mon bagage mais il me parlait tendrement.

��On s'est demandé pourquoi le dictateur Zelten put durer quatre jours alors que tous les chefs de partis bavarois réprouvèrent unanimement son programme, dont le pre- mier paragraphe était l'alliance avec la France, et que les troupes de Lerchenfeld étaient réunies dès le 3 juin à leur immuable citadelle, Dachau, ville de peintres, d'où il s'échappait maintenant sur Munich presque autant de sang que jadis de peinture. C'est que toutes les sociétés secrètes dont il me parlait à Paris et dont il était membre, paralysèrent chacune quelques heures la machine, c'est que le sous-chef du ravitaillement gouvernemental était de ceux qui se reconnaissent au regard, le troisième ingénieur postal de ceux qui se reconnaissent au mot Alraune, et le 4 e chef de bataillon de la garde de ceux qui se décou- vrent frères par l'index. Au Luitpold, où le vestiaire fonc- tionnait pour les prisonniers, et où l'on m'obligea à remettre mon pardessus et mon chapeau contre un ticket, je fus lâché dans le compartiment des révolutionnaires de la dernière révolution qui, d'Autriche, de Suisse, d'Italie, s'étaient abattus aux environs de Munich en auto, en avion, ou en canot automobile. Il y avait là Axelrod, qui récla-

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