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qu’une petite galanterie... Une simple petite galanterie. »

Et en pensant à cette petite galanterie, il se rappelait sa timidité insurmontable, son manque de moustaches, ses rousseurs, ses yeux étroits. Il se plaçait, en pensée, près de Nioûta et leur couple lui semblait impossible. Il s’empressait alors de se rêver beau, hardi, spirituel, habillé à la dernière mode...

Au plus fort de sa rêverie, tandis que, courbé, les yeux à terre, il était assis en un coin sombre de la tonnelle, des pas légers retentirent. Quelqu’un marchait sans se presser dans l’allée. Bientôt les pas s’arrêtèrent et quelque chose de blanc apparut.

« Y a-t-il ici quelqu’un ? demanda une voix de femme.

Volôdia reconnut la voix et releva la tête avec effroi.

— Qui est là ? demanda Nioûta, entrant sous la tonnelle. Ah ! c’est vous, Volôdia ? Que faites-vous ici ? Vous méditez ? Comment toujours méditer, méditer, méditer ?... On peut en devenir fou !

Volôdia se leva et regarda Nioûta, effaré. Elle revenait de se baigner. Sur ses épaules étaient jetés un drap et une serviette-éponge. Sous un foulard de soie blanche passaient ses cheveux mouillés, collés au front. Une odeur fraîche de rivière et de savon aux amandes émanait d’elle. Elle était essoufflée d’avoir marché vite. Le bouton du haut de sa robe n’était pas boutonné et le jeune homme voyait son cou et sa gorge.

— Pourquoi vous taisez-vous ? demanda Nioûta en regardant Volôdia. Il est impoli de se taire quand une dame vous parle. Quel lourdaud vous faites tout de même, Volôdia ! Vous restez toujours assis, vous vous taisez, méditez comme une façon de philosophe. Il n’y a en vous ni feu, ni vie ! Vous êtes dégoûtant, ma parole !... A votre âge, il faut vivre, sauter, remuer, faire la cour aux femmes, être