Page:NRF 19.djvu/507

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 505

qui font date dans les esprits qu'intéressent les grands problèmes de la philosophie et de la morale, et où les vulgarisateurs vien- nent, tôt ou tard, chercher des idées, des sujets, des situations, des mots d'esprit. » Voilà ce que nous disait, l'an dernier, un lettré anglais. Un livre dont on peut dire cela est une force, une puissance avec laquelle il faut compter, et c'est une aventure agréable et intéressante que de le lancer dans la circulation intel- lectuelle d'un nouveau pays et de voir le chemin qu'il y fera. Nous en attendons avec confiance, mais sans impatience, le succès ; nous savons que ce succès sera lent à se dessiner, comme il l'a été en Angleterre ; mais il est bien peu probable que l'influence de Butler, jusqu'à présent limitée aux seuls pavs de langue anglaise (car Erewhon seul a été traduit, — avant de l'être en français, — en allemand et en hollandais, et c'est la première version, la version incomplète, qui a été traduite dans ces langues), il est peu probable que cette influence, maintenant aidée par le rayonnement des lettres françaises, ne s'étende pas à tous les pays du Continent et ne joue pas, dans l'histoire de la littérature européenne, un rôle important. La Vie et l'Habitude, notamment, peut et doit la répandre : les lecteurs de L'Evolution créatrice y trouveront avec surprise des vues qui ont devancé et qui parfois même dépassent, mais surtout complètent, les vues exposées dans ce livre fameux. Peut-être se trouvera-t-il quelque critique pour opposer à Henri Bergson, « romantique », Samuel Butler, « classique ». Ce qu'il y a de ceitain, c'est que pour tous les néo-lamarckiens ce livre, longtemps méconnu, et cité, dans toute la littérature évolutionniste française, deux fois seule- ment (une fois par Yianna de Lima etuilefois par Yves Delage), sera une heureuse surprise.

VALERY LARBAUD

��UN ROMANESQUE, par May Sinclair, traduit de l'an- glais par Marc Logé (Pion).

Idylle dans le foin, reflet de deux visages dans l'abreuvoir, bonne odeur de ferme dans les sentiments et l'aveu d'une pre- mière faute : nous avions déjà suivi Te$s d'Urberville dans ces sentiers. Mais cet aveu est très bien reçu par John Conway, le héros, un platonique. Puis des paysages de guerre où Conway

�� �