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NOTES 503

jeune fille qui ont quelque délicatesse de cœur, un vieillard ori- ginal, un « amoureux universel » d'une véritable saveur comi- que, trois médecins et un apothicaire tout à fait cousins de ceux de Molière. Ce qui ne signifie pas que l'intrigue y soit mieux conduite que dans les pièces précédentes ; ici encore le travesti et le quiproquo sévissent : un père ne reconnaît pas son fils déguisé en femme, ni la jeune fille son amant, et l'amou- reux universel emporté par son tempérament trouve un goût délicieux — bien qu'un peu rude — aux baisers qu'il reçoit de son camarade. Mais enfin il y a là un peu de vraie vie ; une satire inattendue de la manie britannique du voyage, un vieux père toqué, dessiné avec hardiesse et bonheur. Furieux de voir reve- nir son fils d'un voyage en France où il semble s'être assagi et avoir appris les manières polies :

Perdu, s'écrie-t-il, perdu sans remède ! Il mange avec des fourchettes ! Complètement corrompu, l'esprit tourné ! Comment ai-je donc péché pour que cette affliction puisse peser si péniblement sur moi? Je n'ai plus de fils, celui-ci n'est plus mon fils ; pas le moindre côté de sa nature ne me le fait reconnaître pour mien maintenant ; le voilà apprivoisé ! Que ma plus grande malédiction accable ce qui l'a trans- formé ainsi : le voyage ! C'est mon cheval que j'enverrai en vovage désormais, Monsieur !

Et plus loin :

Pardi, vous l'avez instruit comme un fripon fieffé, d'abord à lire parfaitement, ce dont, Dieu me bénisse, je l'avais détourné ; car je savais que, s'il lisait un jour, c'était un homme perdu. Secondement, Monsieur Lancelot (c'est son domestique), Monsieur le pouilleux Lan- celot, vous avez souffert, contre mes ordres, contre mes préceptes, qu'il reste en compagnie de cette sorte de gens tout en minauderies, que l'on appelle des gens honnêtes. Remarquez-vous cela, Monsieur?... Troisièmement enfin — et pour cela, si la loi le permettait, je te pen- drais comme un gredin — tu l'as amené à oublier complètementceque c'est que faire une bêtise, une jolie bêtise, comme tu savais que je les aimais bien. Mes serviteurs sont tous parfaits maintenant, mon vin surit, pas un cheval n'est mis en gage, pas la moindre petite perte au jeu ; on voyage avec son argent sans faire de mauvaises rencontres ; j'étais maudit quand je t'ai envoyé avec lui ! Tu as toujours été porté à la paresse et à perdre l'esprit...

Voilà de bon humour britannique, bien sec, et qui peint à

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