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NOIES 487

plus délicats du scepticisme ne nous feront pas croire qu'on se fait supplicier par vice ou sans savoir pourquoi.

Pierre Mille, n'ayant pas vécu à Corinthe sous Galère, n'y a pas trouvé un Barnavaux à observer. Les types qu'il a inventés restent pâles. Et l'inévitable festin philosophique de ce roman grec n'apporte aucune nouvelle lueur. Il me semble que, dans l'œuvre toujours honorable, souvent amusante, parfois brillante de Pierre Mille, cette Myrrhine reste un livre inutile.

Et par quelle fantaisie Pierre Mille appelle-t-il Irène la pauvre servante qui fut la mère de Constantin ! Tant d'érudition déployée pour arriver à ce lapsus ? Pierre Mille n'aime guère l'histoire. paul rival

L'AMOUR ET LA MORT DE JEAN PRADEAU, par

Charles Silvestre (Pion).

Le paysan en littérature a un sort singulier. Il semble qu'on ne puisse le peindre au naturel et que sur tout roman de la vie aux champs il y ait un frottis ou de bitume ou d'azur. Est-ce une fatalité de la matière, et l'une des mélancolies du genre ? Le romancier quia très vif le goût des choses vertes prête peut- être à ses paysans, malgré qu'il en ait, quelque air de bucolique; et celui qui ne l'a pas en fait des brutes que mène l'instinct seul. Puis les effets sont si faciles à marquer ici qu'on est porté à don- ner le coup de pouce. Au moyen âge déjà, d'un côté des farces villageoises, de l'autre des bergeries d'amour tendre et d'eau fraîche.

Et l'on est encore à discuter du véritable rustique ! Sera-t-il aux couleurs de Sand ou aux couleurs de Zola ? Le bon, le vrai, le seul, dit l'un, c'est la bête humaine puant le bouc et le fumier. L'autre jure que ce cul-terreux à la naturaliste est outré et faux, et qu'à bien voir la bonne dame de Nohant est plus proche du réel. Pour peu qu'on ait pratiqué les campagnards, on peut aisé- ment s'autoriser d'exemples. Pour ou contre.

Si l'on renonçait à ce bavardage et qu'on voie en ces concep- tions contraires deux vérités « répugnantes » selon le mot de Pascal, mais vraies toutes deux ? « D'ordinaire il arrive que ne pouvant concevoir le rapport de deux vérités opposées et croyant que l'aveu de l'une enferme l'exclusion de l'autre, ils

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