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470 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Souhaitons que l'Académie fasse des gestes à peu près de même figure, établisse avec l'art et la pensée du Midi les rapports nor- maux qu'on attendrait volontiers d'elle. Jean Aicard était de l'affreux Ersatz et il serait temps d'en venir aux bons produits, à l'huile d'olive et au vin de raisin. Après Alphonse Daudet et Mistral, laissera-t-elle échapper M. Maurras ?

��ALBERT THIBAUDET

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��LES PLAISIRS ET LES JEUX, par Georges Duhamel (Mercure de France).

M. Duhamel a écrit avec sa bonne foi, son enthousiasme, sa force ordinaire de sympathie, le livre de ses enfants. Rien n'est plus facile ni plus agréable que de se faire, pour le lire, l'homme du dedans, j'entends le dedans d'une famille, et, en prenant le mot dans le sens de M. Barrés, d'une amitié. Si nous restons au dehors, M. Duhamel nous classe dans la peau d'un nomme Barnabe, qui reçoit, entre plusieurs visages, celui du critique grincheux. N'ayons rien de commun avec Barnabe. Cela m'entraînerait beaucoup trop loin de faire profession de toi au sujet des enfants, mais je puis au moins faire profession de foi au sujet des livres sur les enfants. Il serait à souhaiter qu'on en écrivît davantage, autant qu'en Angleterre. Ils ont ce privilège qu'on ne les fait pas de chic, comme un roman sur l'amour, ou à titre d'alibi, et qu'ils déroulent toujours une expérience pleine et précise. Evidemment il y a des dangers : les gens qui colportent urbi et orbi les mots de leurs enfants, et qui leur créent une gloire littéraire précoce, sont vite un peu ridicules et rendent aux enfants un mauvais service. M. Duha- mel ne le fait qu'avec mesure, et on peut espérer que le Cuib et le Tioup ne traîneront pas dans la vie le drapeau déteint et importun de leur gloire enfantine. Mais le lecteur qui n'est ni parent, ni enfant, ni Barnabe, — qui n'est, comme c'est le cas dans cette page, qu'un brave homme de critique allant à son plaisir, — remercie M. Duhamel de lui en avoir tout de même apporté de si savoureux. Le Fulgence Tapir de Y Ile des Pin- gouins n'a jamais regardé un tableau, mais il a mis en fiches toute l'histoire de l'art. J'imagine un vieux célibataire qui met- trait sur fiches tous les mots d'enfants : la belle contribution à une Logique ! albert thîbaudet

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