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436 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Terrains dévastés, ombres désolées, délices des cœurs saignant d'amour.

�� ��Mais non, c'est un chœur devant la porte d'entrée :

Soldat ! quand ton âme est lassée, Quitte fauteuils et canapés ! Prends le journal de ton Armée, Et va visiter les cafés ! Les cafés ! Les cafés ! Les cafés !

Une salutiste, la corbeille romantique sur ses cheveux suédois, me regarde avec une spiritualité qui me gêne. Elle me tend le Cri de Guerre et s'éloigne avec un sourire meurtri.

Ah, mon bonheur fuit. Je crie : Ma sœur, ma sœur !

Elle revient, indifférente aux moqueries.

Comme nous serions heureux, entourés de nos babys dans un cottage lierre, parfumé d'ordre et de sainte obéis- sance. Et moi, en somme, je pourrais devenir colonel ou général de l'Armée du Salut.

« C'était seulement pour vous dire : ma sœur ! J'aime être votre cher frère. C'est beau, vous avez des yeux sans mensonge. »

Avec elle, les jours auraient toujours la douceur de la minute où l'aimée ouvre la portière et saute.

c Oh non, je ne suis pas sauvé! Je suis un capitaliste de bonne volonté ; la pire espèce, ma sœur. Mais vous ne pouvez pas me comprendre, pauvre petite.

« Non, je n'aime pas que vous prononciez ce Nom dans ce lieu. »

Elle me dit qu'il est mort pour moi, pour moi spéciale- ment. Et qu'il m'appelle Lui-même, ce soir même ; elle me pointe de son doigt. L'ongle est chastement coupé, propre et terne. Je pleure.

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