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426 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

« François par exemple a l'habitude de me dire : Ah non pardon, baron, cette place est prise !

« C'est curieux, je me répète ces insolences avec un cer- tain plaisir.

« Oui, je sais. Je sais qu'il suffirait de regarder le garçon d'une certaine façon. Je sais que c'est facile. Après tout il s'agit de lancer un simple coup d'œil, de dire quelques mots. Mais il y a quelque chose en moi qui m'en empê- che. Alors, la mort dans le cœur, je fais mon petit sourire. Ou bien, dans mes moments de courage, je dis quelque pauvre virilité : Toujours plaisant, Monsieur François !

« Oui, ce sourire c'est ma lèpre. Dès qu'on me regarde en face mon cœur bat vite et je souris je souris, pour m'excuser, pour plaire, pour qu'on ne me renvoie pas ; pour qu'on m'aime. »

��* *

��Léon soupire ; puis sourit à l'avenir. Ses doigts gercés accordent l'instrument.

Servilement, il sollicite à minuscules coups et le premier violon amplifie avec superbe.

��* *

��Le premier violon a des coups de tête vainqueurs aux moments martiaux où il relève sa mèche. Puis il s'essuie avec un mouchoir de soie, cadeau de la courtière en diamants Madame Joseph.

��*

  • ^

��Un chambellan du tsar s'appuie à mon épaule.

« En vérité, j'habite le même hôtel que vous. Mais moi, ha ha, je lave la vaisselle ! Qu'importe, puisque mon cœur est pur, cher.

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