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420 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Son œil en phare indifférent croise l'œil du vieux fardé.

L'Algérienne sourit alors à son petit miroir avec des mystères ; renouvelle ses lèvres de salive, puis les ramène en pudique rond voilant un sourire très antique.

L'Algérienne abaisse aux cils une mèche épaisse et clôt lourdement la paupière.

��* *

��Le banjo se lève. Il prend un entonnoir et fait une voix de bœuf nostalgique. Pour nous, chefs européens, c'est le porteur de la grande nouvelle. Le banjo a la tête Beatty fièrement en arrière tandis qu'il mugit Tipperary.

Je pense à mes enthousiasmes défunts et à cette Comé- dienne du Mary Hall qui chantait, hampe obscènement brandie, les hymnes des patries.

Comme l'Europe était jeune et naïve et croyante.

Cette nuit, l'Europe désabusée pleure, puis secoue ses cheveux coupés. Et, découvrant ses nobles jambes amai- gries, danse un funèbre shimmy.

��*

  • *

��Une Carmen camarde tend l'assiette où la serviette recèle. « Soyez généreux, Monsieur le banquier ! »

Cette volupté aux pommettes hongroises me sourit lar- gement. Cette langue qui pointe, ces yeux qui se brident me font peur.

��*

  • *

��Le Japonais ferme les yeux. Il vérifie gravement, avec une politesse qui présage des pratiques raffinées et odieuses, la croupe de Thézou qui sourit avec toujours beaucoup de poésie. Tout en dansant, il tâte la poche intérieure de son veston.

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