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CHANTS 413

Mais qui plaindrait les fleurs d'avril lorsqu'il engrange Les moissons de l'été, de ses soins le loyer, Ou que le suc vermeil d'une belle vendange Parfume son cellier ?

Donc, laissons quelque sot agiter l'espérance De retarder le Temps par son absurde vœu Et recevons les dons que le Ciel nous dispense En leur temps, en leur lieu.

La vieillesse — souvent elle l'a fait paraître —

Pour le sage, Vincent, n'a pas que des rigueurs

Et qui sait la chaleur que ses neiges font naître

Dans un valeureux cœur ?

Mais quel que soit le lot qu'avec elle elle apporte, Ne lui réservons pas un accueil mutiné, Et quand la Mort enfin heurtera notre porte De son poing décharné

Ouvrons-lui sans chagrin, faisons-lui bon visage Comme à l'hôte attendu sourit l'hôte pieux Ou comme au batelier qui vers l'autre rivage Va porter nos pas curieux.

Car son approche, ami, ne cause aucune transe Au mortel éloigné du désordre pervers Et qui sut accorder son âme a la cadence Qui régie le vaste Univers.

Juin lyii.

MAURICE CHEVRIER

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