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374 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sohn (Kurt Wolff), de Fritz von Unrub : Ein Geschlecht et Platz. L'éclatant succès de von Unruh s'explique à la fois par l'ardeur de son idéalisme, par le mordant de ses attaques et par un tempérament littéraire assez original pour se dégager un jour des formules qui l'embarrassent encore.

Griselidis, de Ludwig Berger, le remarquable successeur de Reinhart, et Bockgesang, de Franz Werfel, sont deux tentatives faites, l'une pour créer un drame qui s'adresse aux masses, l'autre pour introduire dans le drame ces masses mêmes, agitées par le soubresaut des crises actuelles. Le théâtre appelle la rue, et les mouvements de la rue se prolongent au théâtre, à Berlin comme dans l'ancienne monarchie danubienne.

C'est encore, bien qu'affaibli, l'écho d'une vie publique trou- blée, et où la question juive surexcite les esprits, que l'on trouve dans Mein Wegals DeutscherundJude, de Jakob Wassermann, ainsi que dans son roman : Qberuns drei Stufen (S. Fischer). Et les nouvelles d'une vingtaine d'écrivains tels que Schickele, Werfel, Edschmid, Dâubler, Heinrich Mann, Sternheim, qui se trouvent réunies dans die Entfaltung (Ernst Rowohlt), sont elles aussi inspirées de l'actualité, et destinées à agir dans le plan politique autant que dans le plan esthétique. Les difficultés d'édition font d'ailleurs que de plus en plus les écrivains zc présentent au public non plus seuls et avec une œuvre, mais en groupe et avec des fragments. Ainsi est rendue posssible une présentation de luxe comme celle de die Dichtung (Kiepen- heuer), anthologie d'avant-garde d'où il faut détacher les noms de Martin Gumpcrt, Hcrmann Kasack et Oskar Loerke.

Hebraische Balladen et die Kuppel d'Else Lasher -Schiller (Paul Cassirer) font songer pour le tempérament lyrique à Madame de Noailles, une Madame de Noailles qui aurait l'accent du psalmiste. Frauen de Kasimir Edschmid est aussi trépidant et maniéré que son Timur (Cassirer). Edschmid, qui est jeune, trouvera autre chose que les explosions calculées de l'expression- nisme. Ses feuilletons de la Frankjurter Zeitung le montrent plus sage qu'il ne voulait le laisser croire.

« Last not least » : la correspondance de Richard Dehmel (AusgewaehlteBriefe,S. Fischer) dont la première moitié nous est donnée par la veuve de l'écrivain ; il serait désirable d'avoir sans choix, sans coupures, ces lettres où revit intensément le

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