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340 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le joueur décavé en est pour son tour et la morale est sauve. M. Marcel Gerbidon intitule sa pièce : comédie nouvelle. Mettons : comédie, tout court.

Le fait le plus remarquable de ces représentations, au moins le soir que j'étais à Marigny, a été ceci. Il paraît que j'ai une figure qui surprend certaines gens. Pourquoi ? Je l'ignore. J'ai beau me regarder : je ne me trouve rien d'extraordinaire. Parce qu'on ne ressemble pas au premier commis de nouveautés venu, devient-on un objet de curiosité et de surprise ? C'est en tout cas un fait que je ne suis pas indifférent à la plupart des gribouilles au milieu desquels il me faut me trouver quand je vais au théâtre. Je me promenais donc, à Marigny, pendant un entr'acte, dans un couloir, allant et revenant, sans m'occuperde personne, attendant simplement que l'acte suivant commençât, quand je remarquai qu'une dame, assise sur un canapé à côté d'une autre, quand je passais devant elles se mettait à rire en me montrant à sa voisine. On voit si je suis dénué de fatuité ou de vanité, je ne sais trop quel mot des deux convient, pour racon- ter ces choses le plus bonnement du monde. Je suis fort indiffé- rent à ce qu'on peut penser de moi, mais la bêtise m'agace, j'en conviens. Je crus tout d'abord m'être trompé, et revenant sur mes pas, je passai de nouveau devant ces femmes. De nou- veau, rire et coup de coude. Je continuai jusqu'au bout du cou- loir, je revins ensuite dans le sens opposé, et arrivé au canapé je m'arrêtai face à la dame que je faisais si bien rire, et me pen- chant vers elle, le visage tout près du sien, du ton le plus aimable, je lui dis : « Vous êtes bien plus drôle que moi, Madame ! » Interloquée, déconcertée, faisant l'hypocrite, elle cherchait ses mots, se défendait, voulait me faire croire que je m'étais trompé. « Je vous répète, Madame, que vous êtes bien plus drôle que moi » lui dis-je encore sans lui laisser le temps de parler. Je la laissai là-dessus, faisant une figure ! Elle ne savait plus où se mettre. Sans être bien jolie, ni de la première jeu- nesse, cette femme n'était pas absolument laide. Je l'ai bien regretté. Ma réplique eût alors été toute autre, a Je suis enchanté d'amuserune aussi jolie femme » luiaurais-je dit. J'espère bien la placer une autre fois.

Une nouvelle pièce de M. Sacha Guitry est toujours un grand plaisir. Ce diable d'homme va de succès en succès. C'est à cha-

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