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2 82 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lerie lourde française se fait plus proche. Un commandant se précipite vers le général. « Le vent tourne. La fortune nous est contraire. » Les rapports s'entre-croisent. « Le ... e régiment bat en retraite. » Le Général : « Impossible, les commandants du régiment m'ont juré de tenir le canal jusqu'au dernier. » Des officiers sont envoyés aux bagages. Les grenades françaises nous survolent. Crac, crac. Un capitaine d'Etat-Major devient pâle, oublie, se trompe, interroge, se renseigne. Une armoire déchiquetée tombe du grenier dans la cour. Un pantalon encore au crochet la suit en voltigeant. Le général avec ses officiers descend l'escalier, courbé. Les corridors sont bondés. Un avion français. Nos howitzers le mitraillent. Des nuages devant et derrière lui. Boum ! c'était dans la fabrique. Boum ! celle-ci dans la cour.

Voix : a Ils tirent bien les cochons. Il faut le leur accor- der. L'école de Napoléon. »

Le Commandant du quartier-général de l'armée arrive en auto. Il chuchote avec le général.

Voix : « Les mortiers en avant. — En temps de paix il faudra faire plus de grenades que de shrapnells. — Les grenades ont un effet plus démoralisant. » Boum ! Une fumée du diable, et l'église de Parigny s'effondre d'elle-même. Tous cherchent un abri. Je marche sur un zouave tué. Mâchoire inférieure et gorge sont complètement arrachées, de sorte que je puis voir l'intérieur de son crâne. Devant un mur, intacte entre deux cierges, une vierge tend, comme d'habitude, ses mains bénissantes. La ligne de la Marne est enfoncée.

11 Septembre.

« Jour funeste et malheureux ! » Un officier entre brus- quement avec ces mots. « Qu'v a-t-il ? » Des lampes de poche et des voix s'éveillent. « Les bagages et les ambu- lances doivent reculer encore de 1 5 kilomètres. — Reculer ? Vous êtes fou ! — Avant toute lumière. »

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