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NOTES 121

LES DANSEUSES CAMBODGIENNES A L'OPÉRA.

Somptueux hommage adressé par le roi Sisowath à la République, sa suzeraine, le ballet cambodgien est venu en France, à la grande joie des amateurs d'art oriental. De Mar- seille où elles ont contribué au faste de l'Exposition colo- niale, les danseuses de Pnom-Peuh sont venues passer trois jours à Paris : étrange pensionnat d'une vingtaine de fillettes que surveillaient vigilamment cent soldats de la garde indi- gène !

Petites (elles ont quinze ans à peine), les hanches larges et raides, le buste long, elles apparaissent vêtues avec ma- gnificence. Par-dessus leurs culottes aux teintes amorties, tombent d'amples tuniques aux couleurs vives que constelle l'innombrable scintillement des paillettes miroitantes. Con- trastant avec les teintes opulentes de l'habillement et l'éclat des ors, leur figure recouverte de céruse apparaît blême et impassible, comme un masque de porcelaine blanche dont la peinture a été oubliée. Les cheveux noirs et brillants sont appliqués contre la tète petite comme une couche d'émail ; ils semblent de la même matière que celle des grands yeux sombres qui s'allongent vers les tempes.

Le rideau se lève. L'orchestre et le chœur apparaissent de chaque côté de la scène, tournant le dos à la salle, indiquant par leur orientation le point important où se dérouleront les danses.

Le chœur : quelques chanteurs accroupis qui tout à l'heure émettront des vocalises confuses et nasillardes en marquent la mesure par le choc de deux baguettes de bois.

L'orchestre qui déjà prélude, se compose de clarinettes indigènes, de tambours et de xylophones dont les sonorités sourdes s'opposent aux notes claires d'un glockenspiel. Un rythme impeccable entraine ce jazz-band austère, dont les mé- lodies pas très différentes des nôtres accompagneraient volontiers un schimy ou un fox-trot...

C'est bien là une des choses les plus étranges, ce contraste entre la musique vive qui incite aux mouvements rapides et les danses qui tout à l'heure développeront leurs gestes ra- lentis. Ici, pas de pléonasme selon la formule occidentale clas-

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