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764 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Après la représentation du Chariot de Terre cuite à « L'Œuvre » (janvier 1895) je reçus cependant deux lettres du Mercure, l'une de M. Vallette et l'autre de M™<^ Rachilde qui me touchèrent beaucoup, et je crus devoir remercier mes correspondants par une visite. Je me rendis donc au « jour » du Mercure. Il y avait là un cercle agréable de jeunes gens et de littérateurs. J'en connaissais quelques-uns pour les avoir rencontrés chez Mallarmé ou en compagnie de Moréas. M, Bois- sard pouvait s'y trouver aussi mais je ne me souviens pas spécialement de lui. En tous les cas, Remy de Gourmont n'était pas là, sans quoi j'eusse demandé à nos hôtes de me présenter à lui. Quelque temps après. Octave Mirbeau me dit un jour incidemment : « Vos aperçus de la Revue blanche intéressent Remy de Gourmont. Il voudrait taire votre connaissance. »

Je reçus, en effet, dans la même semaine un exemplaire sur hol- lande d'un ouvrage de Remy de Gourmont illustré par lui-même avec une dédicace de l'auteur. J'attendais l'occasion de l'en remercier de vive voix, mais je quittai Paris peu de temps après pour une tournée de conférences sur le Pain gratuit et j'avoue à ma confusion que je n'ai pas encore payé ma dette de reconnaissance à l'auteur de Phocas le Jardinier autrement que par les citations élogieuses que j'ai pu faire de ses « Dialogues » dans mes critiques de VAkhhar.

Quoi qu'il en soit, ce souvenir documenté montre bien que Remy de Gourmont n'avait pas l'intention de jouer au Misanthrope avec moi puisqu'il avait fait les premiers pas vers moi.

J'attends de votre courtoisie bienveillante, plus encore que de mon droit, l'insertion de cette réponse dans votre estimée revue que nous citons toujours avec plaisir.

Le Directeur de VAkhhar, Victor Barrucand.

P. -S. — Je tiens la dédicace autographe de Remy de Gourmont à votre disposition.

Nous avons communiqué cette lettre à M. Maurice Boissard. Voici sa réponse :

Mon cher Directeur,

Je maintiens l'anecdote que j'ai racontée concernant M. Victor Barrucand et Remy de Gourmont. M. Victor Barrucand évoque inuti- lement un passé lointain. C'est entre 1908 et 1914 que se place la ren- contre que j'ai rapportée très exactement. Je l'ai souvent racontée verbalement et je la revois comme si elle était d'hier. Si je savais des- siner, je pourrais reproduire la pose des personnages.

La mémoire de M. Victor Barrucand, en cette circonstance, le sert aussi bien que lorsqu'il attribue, dans sa lettre, Phocas le Jardinier- à Remy de Gourmont.

Cordialement.

Maurice Boissard.

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