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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��LA CRITIQUE DU MIDI

J'écris ce mot à propos de deux livres de critique fort remar- quables, les Œuvres dans les Hommes, de M. Léon Daudet, et les Mauvais Maîtres, de M. Jean Carrère. Et je vous supplie de croire (sans espérer absolument vous convaincre) que je n'y mets pas la moindre ironie. Il y a un soleil du Midi, un langage du Midi, une poésie du Midi, une politique du Midi. Pourquoi n'y aurait-il pas une critique du Midi ? La France est une syn- thèse du Nord et du Midi ; elle porte sur le Nord et le Midi comme un homme sur ses deux jambes. Et il faut éviter deux excès également condamnables : l'excès du Parisien ou de l'homme de l'Est qui parle du Méridional comme d'un Français inférieur ; l'excès du Méridional, qu'excusent les mauvaises plaisanteries du premier, et qui consiste à affirmer son point de vue comme une émanation de la pure raison et de la France éternelle, à s'indigner de tout ce que l'observateur y découvre de local et de partial, c'est-à-dire de vivant.

Rien de plus conventionnel, d'ailleurs, que la fausse image de l'esprit méridional qui circule dans l'atmosphère littéraire de Paris, et qui tiendrait à peu près dans cette définition : j'appelle Midi tout ce qui n'est pas sérieux. A une plaisanterie de ce genre M. Maurras, justement en colère, opposait les noms de Gassendi, de Vauvenargues, de Guizot, de Renouvier. Il eût pu y ajouter ceux de Montaigne et de Montesquieu, qui sont des Gascons, et la Gascogne fait bien partie des pays de langue d'oc. Il y a chez les Méridionaux beaucoup plus de sens critique,

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