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700 LA NOUVELLE RE\'UE FRANÇAISE

fines, auxquelles ne suppléent ni la bonne volonté ni l'in- telligence.

Avec la morne volupté de la délivrance, Vernois laisse descendre en lui ces paroles dont chacune le déchire ; mais son silence commence d'inquiéter M. de Pontaubault.

— Si j'ai souhaité cet entretien, ce n'était pas pour vous dire tout ceci que vous aviez certainement deviné. Mais puisque vous voulez bien montrer à ma nièce de l'amitié, j'espérais en votre aide pour lui rendre une paix dont elle a besoin. Ce ne sera pas la première fois que nous collabo- rerons.

Vernois se décide enfin ;

— Mon général, je pense comme vous le faites que mes quelques rencontres avec M™" Heuland n'ont pas contribué à son bonheur. Si vous aviez tardé quelques semaines à me demander cette explication, vous auriez constaté qu'elle n'avait plus d'objet. Il était dans mon intention d'inter- rompre toutes visites et de ne jamais paraître dans la nou- velle maison où M""" Heuland s'établit. Je ne me trompe certainement pas en pensant que c'est la manière la plus efficace dont je puisse vous aider.

Ce qui sommeille dans le hobereau de méfiance paysanne lui fait d'abord flairer un piège. Il cache assez bien sa stupeur et commence par quelques protestations ; mais Vernois refuse de se laisser payer par de faux semblants.

— Non, mon général, c'est la solution que vous n'avez pas voulu me demander, mais qui s'accorde le plus parfaitement avec vos désirs. J'ajoute : avec les miens aussi.

— Je reconnais là votre décision et votre droiture. C'est ainsi qu'entre hommes les questions doivent se régler. Eh ! bien, soit, je vous remercie.

Il tend une main que Vernois se donne l'air de ne pas apercevoir. Ce ton lui rappelle trop la martiale tranquillité avec laquelle, naguère, le général acceptait le sacrifice de ses hommes.

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