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��SODOME ET GOMORRHE OU MARCEL PROUST MORALISTE

��Il y a entre M. Marcel Proust et Zola un trait de res- semblance : Tous deux ont été, sont et demeureron»: pro- bablement toujours admirés à contre-sens par certains lec- teurs et pré-jugés par les personnes déterminées à ne pas lire les ouvrages sur lesquels il leur plait de garder une opinion de rencontre. A quiconque trouverait irrévéren- cieux pour l'auteur de Swan, ce rapprochement avec le romancier naturaliste, je dirai que, retourné récemment à Nana et à la Curée, j'ai trouvé à la lecture de ces deux romans, surtout du second, plus d'agrément que je n'en espérais. C'est en éprouvant une satisfaction imparfaite qu'il me devint sensible que M. Proust possédait justement tous les dons ou plutôt le charme dont Zola est si cruelle- ment dépourvu. Par la suite, Y\s2ini Sodome et Gomorrhe, je fus spontanément conduit à imaginer ce que fussent deve- nus, entre les doigts qui forcèrent les serrures bourgeoises de Pot-Bouille, un tel sujet et de tels personnages, puis à considérer le sens moral de l'œuvre de M. Marcel Proust.

Sodome, c'est M. de Charlus et Gomorrhe c'est Alber- tine. Entre ces deux figures, chacune étant le centre d'une tragi-comédie dont le spectateur ne fait que percevoir les échos mêlés, le héros du livre, celui qui parle à la pre- mière personne, poursuit son voyage à la recherche du temps perdu.

Le soin qu'il a de placer le mot de vice, lorsqu'il s'en sert pour désigner les goûts de M. de Charlus, entre des gu'lle-

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