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624 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de V Ulysse de M. Joyce (Shakespeare & C^, Paris); celle de la revue de M. Wyndham Lewis, The Tyro, à Londres (The Egoist Ltd) et la publication récente par la même maison d'édi- tions des Poèmes de Miss Marianne Moore.

T. s. ELIOT

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��TRIVIA, par Logan Pearsall Smith, traduit de l'anglais par Philippe Neel (Bernard Grasset).

Tous les amateurs de poésie seront reconnaissants à Daniel Halévy d'avoir admis ce petit recueil de poèmes en prose dans sa collection des « Cahiers Verts ». Trivia nous offre un cas assez rare dans l'histoire littéraire : le cas d'un livre écrit pour r « Heureux Petit Nombre » et connu seulement d'une élite dans son pays d'origine, et qui, trois ans à peine après sa publication et sans que rien soit venu attirer l'attention du grand public sur lui ou sur son auteur, passe, grâce à une excellente traduction, dans la littérature d'une autre nation Imagine-t-on Gaspard de la Nuit, les Poèmes en prose de Baudelaire, et les Illuwiuations traduits en anglais et publiés à Londres trois ou quatre ans après leur apparition en France ? Quelle idée nous aurions, alors, du flair et du courage des éditeurs londoniens, et du goût du public anglais ! Il est vrai que chez nous le poème en prose, grâce aux grands recueils que je viens de citer, fait partie désormais de notre tradition littéraire, tandis qu'en Angleterre c'est une nou- veauté qui semble, au premier abord, contraire au génie même de la langue nationale.

Dans la préface que j'ai eu l'honneur — honneur, je l'avoue, sollicité — d'écrire pour ce livre, j'ai dit simplement de quelle façon j'avais connu Trivia et comment, grâce à l'enthousiasme, au goût, au talent et au dévoûment de plusieurs lettrés, l'œuvre de Logan Pearsall Smith avait pu atteindre le public français. Je me suis abstenu de toute considération critique, me bornant à décrire l'impression que m'avaient faite les quatre poèmes de L.-P. Smith, — lus par hasard dans The Oivl — qui m'avaient mis sur la piste du livre. Ces impressions, cette heureuse sur- prise, — différaient-elles beaucoup, à un siècle environ de dis- tance, de celles que durent éprouver les premiers lecteurs des Essays of Elia de Charles Lamb ? Peut-être que non, parce que

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