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502 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de Metzinger et de Hayden, pleines d'une douceur et d'une fantaisie inattendues, montrent ce qu'une discipline débarras- sée de quelques formules extra-picturales, promet de réaliser. Quel que soit d'ailleurs le jugement que l'on porte sur cet art, on est obligé d'avouer qu'on n'en compta jamais autant de manifestations sur les murs du Grand Palais. Mais le plus éton- nant, c'est qu'au rebours de ce qu'on pourrait imaginer — et je m'empresse d'ajouter : désirer — ce n'est pas la tendance réa- liste qui l'emporta, celte année, mais celle qui, employant des matériaux « purs », se borne à tracer sur la toile des arabesques décoratives, et à deux dimensions, rigoureusement. Léger et Gleizes sont les chefs de cette école. Pour demeurer dans les limites de l'observation objective, je dois ajouter qu'une ten- dance absolument opposée fait également des adeptes dont le nombre grossit de jour en jour. Il s'agit du naturalisme, dont Dufresne et D. de Segonzac sont les animateurs évidents. Les derniers artistes de talent qui se rallient à cette austère école, dont la technique est à base de matière sourde, aux modulations réduites, sont Sabbagh et Favory.

Entre ces tendances antagonistes, qui se nient et se méprisent copieusement, il faut ranger le mouvement que je me permet- trai d'appeler le cubisme analytique, dont les représentants actuels, à peu près isolés dans la foule des peintres contempo- rains, sont : Maria Blanchard, Bissière, Simon Lévy, Cernez, Latapie et M"e Heudebert. Cette tendance, qui n'est pas une école, tend à hausser les éléments tirés de l'observation sensible jusqu'à ce niveau supérieur où se confondent les formes maté- rielles et les formes pures.

On ne voit pas très bien par quel fil une certaine critique voudrait relier ces dernières tentatives à ce renouveau académique qui, sous le vocable de néo-classicisme, poursuit le but, haïssable entre tous, de « refaire du Musée « en modernisant les œuvres de Giotto, de Botticelli et de Ingres. Une peinture basée sur la copie d'œuvres anciennes n'a rien à voir avec un art qui cherche ses éléments primordiaux dans une sensation de nature. Je ver- rais plutôt les sources de ce néo-académisme (de plus en plus florissant, il faut l'avouer) dans une fausse compréhension de l'art de Derain — qui n'en est pas responsable. Derain, s'il con- fessa souvent son goût pour les œuvres anciennes, n'en étudia

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