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NOTES 489

LITTÉRATURE GÉNÉRALE

D'UN SIÈCLE A L'AUTRE, par Georges Valois (Nou- 'velle Librairie Nationale).

M. Georges Valois a donné pour sous-titre à son livre : Chronique d'une génération (1885 -1920). On pourrait être tenté de voir là une généralisation arbitraire, et de ramener cette chronique à la chronique d'un esprit. A propos des Générations Sociales de M. Mentré, je faisais observer ici que beaucoup de tendances contradictoires — toutes les tendances humaines en somme — sont représentées dans une génération. Et pourtant, réflexion faite, M. Valois, et ceux qui ont donné à leurs mémoires un titre analogue, ont raison. Ils ont parfaite- ment le droit d'assimiler, en gros, leur courbe propre à la courbe de leur génération, voici pourquoi : l'état d'esprit qu'ils analysent et dont ils développent l'évolution est celui de tous ceux qui prétendent penser et parler au nom de leur génération, qui sont hantés par cette idée de génération, qui s'efforcent de représenter le plus grand nombre de leurs compagnons d'âge et d'en accoucher la pensée. La culture désintéressée de l'intelligence, le dilettantisme, la foi en la démocratie, ne manquent pas aujourd'hui d'amis ; mais ces amis se sentent isolés, ils éprouvent la peine — ou la volupté — de penser contre un courant, il ne leur viendrait jamais à l'idée de présenter leur esprit comme celui d'une génération, alors que ceux qui en 1880 pensaient comme eux se voyaient portés par leur génération au même titre que les positifs et les constructeurs d'aujourd'hui. Pour tenir les deux bouts de la chaîne, il faudrait d'ailleurs songer au diagnostic si différent que donne M. Benda dans son Belphégor. Mais le belphégo- risme est un peu imaginé ou du moins codifié par M. Benda, qui a besoin d'un ennemi à combattre. Nous ne connaissons pas de porte-parole autorisé d'une génération belphégorienne. Et si Belphégor existe, il se dissimule avec quelque mauvaise conscience.

M. Valois marque au contraire avec une franche conviction et une allègre fierté le pas d'une génération qu'il voit, en ce qu'elle a eu de mauvais et en ce qu'elle a de bon, pareille à

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