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LES REVUES J2^

La probité m'oblige à dire qu'il ne se vante pas d'avoir beaucoup pra- tiqué son auteur ; sans doute dirait-il qu'il n'a pas de temps à perdre à le lire. Tel est bien notre avis. Après cet article, c'est un devoir pour ceux qui aiment ses livres (car il en a de charmants, savez-vous ?) que de le détourner de ce genre d'études.

Dire pourtant que c'est ainsi que se fait la critique ! Et le public n'y voit goutte : il souffre tout. Peut-être serait-il bon de l'avertir.

��OPINIONS LITTÉRAIRES DE VICTOR HUGO

Dans la Revue de Paris du i^"" novembre 1921, M. Gustave Simon donne de nouvelles Opinions littéraires de Victor Hugo, Quelques réflexions fines :

Voltaire dans ses poèmes évite soigneusement la poésie, comme on •évite un ami avec qui l'on veut se brouiller.

Mais en général c'est d'une sorte de Sinaï que partent, comme autant de pompeux éclairs, les jugements du poète :

Pascal fou est encore grand écrivain. La santé du génie peut sur- vivre à la santé de la raison....

Pascal écrase l'homme entre deux éternités.

Voltaire est le soleil couchant du vieux monde ; Rousseau est le soleil levant du monde nouveau.

Et l'on ne peut lire sans un peu d'amusement cette descrip- tion enfantine et magnifique que Hugo nous donne, sans doute d'après ses expériences personnelles, de l'opération du génie :

Le poète est un prophète. Spiritus fiât. Le souffle, ce prodigieux mystère, voilà son maître.

Ce que l'on nomme génie est une irrésistible résultante d'une foule ■de phénomènes intimes, à la fois obscurs et flamboyants, sublimation, mais quelquefois effarement, de celui qui les éprouve. Empêchez-le donc, ce prophète, ce visionnaire, de voir le mal, par exemple, et, selon l'angle où il le voit, d'être pris tantôt d'une formidable colère, tantôt d'une inépuisable pitié. Par la raison que dans la création il y a du gouffre, il y a du vertige dans le génie.

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