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AMBROSE BIERCE

��Depuis Edgar Poe, à qui on le compare souvent, il n'y a pas eu dans la littérature américaine de figure plus captivante et de plus noble allure que celle d'Ambrose Bierce. Sa vie fut un véri- table roman décape et d'épée : soldat valeureux, polémiste viru- lent, romancier, nouvelliste, poète, journaliste et aventurier, il a choisi de finir dans le mystère et, à l'âge où les écrivains qui ont fait preuve de longévité ne songent qu'à terminer paisible- ment leurs jours sous la coupole d'un institut ou les mélanco- liques tonnelles d'une maison de retraite, cet extraordinaire paladin des lettres s'engagea comme un jeune homme dans l'armée révolutionnaire de Villa. Depuis lors (c'était en 1913) on ne sait au juste ce qu'est devenu Bierce. Des récits circons- tanciés existent de son exécution par les Fédéraux mexicains. Mais il semble qu'il convient d'accueillir ces reportages avec scepticisme. D'ailleurs Bierce, s'il était vivant, aurait aujourd'hui soixante-dix-neuf ans. lia vraisemblablement terminé sa carrière d'écrivain. Elle fut remarquable. De ses œuvres — une dizaine de volumes — il restera deux recueils de nouvelles : In ihe Midst of Life et Can Such Things Be ? contes d'horreur et de mystère où. se donna libre cours la « brutale imagination » ' du niaitre, et une poignée d'épigrammes en vers et en prose où flamboie son mordant esprit satirique. Les meilleures de celles-ci se trouvent dans son Devil's Dictionary. M. Vincent Starrett a publié une précieuse plaquette biographique et critique : Ambrose Bierce, Chicago, Walter M. Hill éditeur, 1920. Le conte qu'on va lire est extrait de The Great Modem American Siories, anthologie compilée par feu William Dean Howells et publiée à New- York par MM. Boni and Liveright.

V. M. LLONA

I. L'épithète est de Gertrude Atherton.

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