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562 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

merveilleuses », bien timide pourtant, se voit préférer « fait naître des fleurs merveilleuses » ; la « civilisation saturée par les rêves » devient « les rêves » ; « sa vision toujours si imprévue » se réduit à a sa vision toujours imprévue». Et la très légère dissonance : « sa vision était celle d'un homme qui ouvre... » cède la place aune stricte concordance des- temps : « celle d'un homme qui ouvri- rait ».

Pour tout dire, style qui n'est pas le cri d'un tempéra- ment, mais le concert de deux sens critiques, style où la dualité des créateurs s'affirme. Quand l'un des frères tient la plume, l'autre lit par-dessus son épaule. Quel laisser- aller espérer dans ces conditions ? Jamais le parfum d'une fleur, toujours celui plus indécis, quoique plus riche d'un bouquet composite. Additionnés, ces beaux mor- ceaux d'anthologie donnent un style original sans aucun doute, car l'assemblage que font les Tharaud de tant de recettes diverses leur appartient en propre, mais non pas un style créateur. Style forgé, jamais jaillissant.

D'où cette admiration qu'éprouve le lecteur hâtif pour cette forme qui a une existence en soi et s'impose à lui ; d'où l'inquiétude du critique qui se demande si cette forme n'est pas arbitrairement plaquée sur le fond, sans par- venir à faire corps avec lui, et si ce don du beau style mis par une Fée maligne dans le berceau des deux frères ne fut pas un don néfaste.

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��Cette divergence d'avec l'opinion commune qui vient d'être marquée, loin de viser à desservir ou à diminuer les deux frères Tharaud voudrait tendre bien plutôt à fixer l'at- tention sur ce qui est chez eux l'essentiel : leur paysage intérieur. Toutes les parures superfétatoires de leur style - cachent le plus souvent, comme d'inutiles draperies, une

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