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NOTES 487

ficede sa vie. Libéré de tout ce qui l'attachait à sa propre per- sonnalité, il voit l'aube se lever sur un monde où toute chose n'existe que pour être aimée d'un amour infini. L'âme inquiètç de Thamal a trouvé la paix dans le nir\'ana.

J'ai essayé, avant tout, de dégager en quelques mots le sens de la trilogie de M. Werfel, et il me semble que c'est bien par là qu'il fallait commencer. Ayant lu la pièce, vous ne sauriez man- quer de vous demander ce que cela veut dire, et tout naturelle- ment, vous chercherez la réponse dans des réflexions d'un ordre général, que d'ailleurs M. Werfel vous facilitera en les faisant pour vous. En effet, ce que M. Werfel représente sur la scène, ce n'est pas une vie seulement, c'est la vie tout court, la vie com- prise dans ce qu'elle a d'essentiel à la fois et d'immuable. Sa pièce sera une démonstration portant sur le sens même de la vie.

Mais comment M. Werfel fera-t-il pour nous élever à la sphère des idées pures ? A défaut des universaux dont le logicien se sert en pareille occasion, il créera des symboles. Aussi lorsque vous verrez apparaître sur la scène Thamal, n'est-ce pas tel homme, mais l'homme représentant de son espèce que vous auiez devant vous ; lorsque ce sera le tour d'Amphé vous devrez vous dire que ce n'est qu'un nom pour désigner la femme en général ; et quand les deux s'aimeront, aucune erreur n'est plus possible : c'est bien de l'amour en soi qu'il s'agit, et non de tel amour en particulier. Ces procédés vous permettant de conclure, vous vous formerez une idée générale de la vie, et vous serez à même d'apprécier la thèse que M. Werfel déve- loppe dans sa trilogie.

La pièce de M. Werfel sera donc symbolique d'un bout à l'autre. Aussi me semble-t-il que pour bien juger de sa trilogie il faut commencer par s'entendre sur ce que veut dire, en poésie, le terme de symbole, qui est loin d'avoir toujours la même signification. D'ailleurs en nous posant la question, nous abor- derons en même temps un des problèmes les plus essentiels de la poésie allemande moderne.

« Qu'est-ce que le général ? C'est le fait individuel et unique. Qu'est-ce que le particuHer ? Des milliers de faits » disait Gœthe, auquel on a comparé M. Werfel. Goethe sentant la profonde unité de l'individuel et du général, tout lui devenait symbole.

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