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NOTES 367

��LES ARTS

LES SCULPTURES DE DEGAS, chez Hébrard ET DE MADAME SPITZER, chez Druet.

On ne saurait laisser passer ces deux expositions de sculpture sans en noter l'exceptionnel intérêt. Degas, sur la fin de sa vie, ne put contenter son amour passionné des formes qu'en s'im- provisant pétrisseur de cire. Déjà il avait dressé sur la selle cette étonnante figure polychrome de danseuse, vêtue d'une jupe de vraie gaze, chaussée de vrais chausson* de danse, qui par son style et sa réalité défie les plus belles réussites de la Renais- sance. Comment, à une époque où son dessin, autrefois un peu linéaire et japonisant, tendait de plus en plus au relief, à l'archi- tecture, à la sérénité des grands équilibres de masses for- mulés par l'art hellénique du v^ siècle, eût-il résisté à tirer à soi, du plan de la toile, ces chevaux et ces ballerines dont désor- mais la forme et le volume l'intéressaient plus que la tache et que le reflet ? A petits coups, qui sont encore d'un peintre, amoureux malgré tout de la lumière fragmentée, il a modelé des statues, « sosies » exacts de ses figures peintes, mais si forte- ment établies, qu'elles sont surtout d'un sculpteur. On s'aper- çoit ici que quand il se contentait de les peindre, ce n'était jamais sans, auparavant, en avoir observé, étudié et éprouvé tous les profils. Oui, il en avait fait le tour. Quelle leçon de conscience ! Avant de rendre compte d'un aspect de la forme, il avait pour principe de l'épouser tout entière : ainsi font les grands maîtres et c'est pourquoi le moindre coup de leur crayon nous en dit tant. Nous nous expliquons aujourd'hui cette sécurité magistrale qui ne fit que croître avec l'âge et porta tard ses plus beaux fruits ; sans truc ancien ni moderne, par la conscience de l'étude, il nous donnait l'impression complète de l'objet. Aussi bien, ses sculptures valent ses tableaux. Que les cires n'aient pas gagné à être coulées en bronze ; on le dit ; je n'y consens pas. L'éternité de la matière métallique convient à leur solidité ; car si l'enveloppe est impressionniste par la rugosité du grain, les volumes sont pleins à se rompre et la géométrie indéfectible.

Dans le même temps qu'on pouvait admirer l'ensemble de

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