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INAHÎLÈ IBATAN TIRAILLEUR DAHOMEEN

��Fréjus, mars 191 8.

Il n'y a que de rares âmes comme celle d'Inahilé : qu'on y jette un grain d'affection, il y croît aussitôt une forêt sentimentale. Je n'en avais jamais encore rencontré d'aussi fertile, même chez les nègres, et je ne songeai malheureu- sement pas, en voyant Inahilé si apte à la joie, qu'il dût être non moins doué pour la peine.

Depuis que nous l'avions un peu plus choyé, je le voyais raidi du désir de nous plaire ; j'aurais dû prendre grand soin de lui, et j'eus la malchance de le bousculer. Il se brisa par mon imprudence, ainsi que sous des mains puériles la branche trop lourde de fruits.

Inahilé est installé parmi quinze autres élèves noirs prenant part à mon cours, vers 6 heures, le 4 mars lorsque notre locataire, le capitaine Vie, frappe à la porte et l'ouvre pour introduire et présenter :

— Koro Suba, un nouvel élève, qui vient de la part de son cousin Inahilé.

De l'humeur me vient contre Inahilé. La veille j'avais congédié pour donner satisfaction aux anciens élèves, trois nouveaux, fort intelligents, mais dont l'admission, j'en avais convenu, aurait ralenti les progrès des autres. J'avais dû leur avouer, — avec quelle répugnance ! — qu'ils venaient trop tard, qu'ils encombreraient leurs camarades

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