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Il8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ni ces grandes ombres que nous tenions pour ennemies ;

Nos pieds ne fouleront aucun champ d'asphodèles

Et nous n'échangerons, de l'un à l'autre, aucun regard

Pour nous aimer, ou nous haïr dans la mort,

Par espoir de louange ou crainte d'un opprobre.

Nous ne discuterons pas, disant : il en fut ainsi, ou bien ainsi ;

Nous aurons oublié toute la portée de nos arguments ;

Lequel a raison ? lequel a tort ? cela nous semblera pareil ;

Nous aurons perdu jusqu'à la mémoire de notre rencontre... [encore,

Pourtant nous nous rejoindrons, pour nous séparer et nous rejoindre

Là où se rejoignent les hommes trépassés : sur les lèvres des vivants.

La traduction de Valéry Larbaud est d'autant meilleure qu'elle nous rend l'atmosphère du livre. Il a su donner à son style cette allure indifférente et faussement familière oià les bouffées d'indignation mettent comme des taches de couleur. Le ton des causeries s'y retrouve dans ses plus justes nuances : pompeux, hypocrite, d'une banalité sordide, puis nerveux, exaspéré, puis encore désemparé. — Quand les personnages de Butler ne font pas la roue, ils étouffent de maie rage, à moins qu'ils n'aient perdu toute espérance. L'auteur les avait habillés avec un soin cruel ; le traducteur ne les travestit pas en les faisant revivre chez nous. Gilbert de voisins

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��LA VIE DE P. J. TOULET, par Henri Martlneau (Edi- tions du Divan),

BÉHANZIGUE, contes, par P. /. Toulet (Bibliothèque du Hérisson, Amiens).

P. J. Toulet qui sut goûter, de son vivant, les charmes de l'amitié, a trouvé en M. Henri Martineau le biographe qu'il méri- tait. Les admirateurs des Contrcrimes auront obligation à l'auteur de ce récit d'un ton si juste, d'une émotion si discrète et si délicate.

En dépit des agréments de style dont ils sont tout festonnés, j'avoue ne point nourrir à l'endroit des ouvrages en prose de P. J. Toulet, la même admiration que pour ses vers. Les contes réunis sous le titre de Béhan^igue, dont on vient de publier une édition complète, manquent d'invention et même de vraie fantaisie. Le lecteur a l'impression que ce qu'il

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