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NOTES 731

Celui qui fleurit

A tous mes printemps.

Celui-là m'a tout donné.

C'est sur un rocher,

C'est dans un pdtis.

C'est aux rameaux d'une ronce,

Qu'ingrat j'ai cherché

Le signe, le mot.

Le maître et le compagnon.

Rien n'a témoigné ! Je suis seul encore Avec ce miroir stérile. Seul ! Et vos sanglots O frères, jamais Ne m'ont si bien déchiré.

Le charme de cesmhmes sans rimes demeurerait peut-être un peu suspect, comparable à celui qu'ont les traductions de certains poètes étrangers. Mais il y a autre chose, ici, un vague, un doux-amer enchantement, né d'une rencontre dans le clair- obscur entre la sincérité directe, et je ne sais quel énigmatique lyrisme. Encore, parler de rencontre, c'est mal dire : ces poèmes ne seraient-ils pas mystérieux précisément parce qu'individuels ?

M. Duhamel fait un sort à des choses plutôt indicibles, mais profondes en nous, à ce qu'on eût appelé jadis les allées et venues de la grâce. Oui, à travers les jours, souvent « sans gloire et sans grâce», les hasards de l'âme. Les lecteurs de laPo^- session du Monde se souviendront des pages où il est conté comment la vue d'une bâche mer\'eilleusement jaune et verte, ou un autre jour l'odeur de ces fleurs épineuses de la lande que les paysans appellent des arrête- boeufs, peuvent réconcilier un homme avec la vie. Obermann, dans les pâturages du Titlis, eut le même coup au coeur en respirant une. jonquille : « Une jon- quille était fleurie. C'est la plus forte expression du désir : c'était le premier parfum de l'année. Je sentis tout le bonheur destiné à l'homme... »

En somme le sentiment d'une promesse, et si intense qu'il emporte tout doute. Pour un Jammes, un Claudel, de tels

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